Chroniques

Se tenir debout

photo Yvon Pomerleau

Par Yvon Pomerleau

Chroniques

21 juin 2023

Crédit photo : AJ Colores / Unplash

La piscine de Bethesda fait partie de ma petite histoire personnelle. Il y a une dizaine d’années, dans le cadre d’un congé sabbatique, je me suis rendu en Terre Sainte pour un séjour de quelques mois.

Je me suis inscrit à un programme de ressourcement au pays de la Bible, chez les Pères Blancs, près de la basilique Sainte-Anne. C’est dans le jardin de cette communauté que se trouvent les ruines de la piscine de Bethesda. Chaque jour de la semaine, je fréquentais ce lieu pour des rencontres et des cours. Combien de fois, je suis descendu, seul ou avec un guide, dans les vestiges de la fameuse piscine … où j’ai lu et relu le récit biblique (Jean 5, 1-16) suivant :

 

À l’occasion d’une fête juive, Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bethzatha. Elle a cinq colonnades, sous lesquelles étaient couchés une foule de malades, aveugles, boiteux et impotents.

 

Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit : «Veux-tu être guéri?» Le malade lui répondit : «Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi.» Jésus lui dit : «Lève-toi, prends ton brancard, et marche.» Et aussitôt l’homme fut guéri. Il prit son brancard : il marchait!

 

Or, ce jour-là était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à cet homme que Jésus avait remis sur pied : «C’est le sabbat! Il ne t’est pas permis de porter ton brancard.» Il leur répliqua : «Celui qui m’a guéri, c’est lui qui m’a dit : “Prends ton brancard, et marche!”» Ils l’interrogèrent : «Quel est l’homme qui t’a dit : “Prends ton brancard, et marche”?» Mais celui qui avait été rétabli ne savait pas qui c’était ; en effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet endroit.

 

Plus tard, Jésus le retrouve dans le Temple et lui dit : «Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire.» L’homme partit annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri. Et ceux-ci persécutaient Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.

 

L’eau c’est la Vie

 

La piscine, dont il est question, n’est pas un lieu de détente et de natation, tel que nous le connaissons aujourd’hui dans notre pays. La piscine, comme réservoir d’eau, est davantage un lieu de purification. Elle ressemblerait plus à ce que nous avons connu ici à Montréal au début du siècle dernier, un bain public. L’eau a plusieurs fonctions dans la vie. Elle étanche la soif, comme dans la demande de la samaritaine à Jésus, «donne-moi à boire».

Un autre rôle important de l’eau, c’est de nettoyer, de purifier. Pensons ici au baptême de Jésus dans l’eau du Jourdain. Pour nous aussi, l’eau a une dimension purificatrice dans le bain du baptême. Aujourd’hui, c’est par l’eau versée sur la tête d’un enfant que se réalise l’entrée dans la communauté chrétienne. Le baptême a pour effet d’effacer les péchés et d’ouvrir la voie à une vie nouvelle.

Dans cet évangile, une parole de Jésus mérite toute notre attention : «Lève-toi (…) et marche». Dans l’évangile de Matthieu, c’est par ces paroles que Jésus va guérir un paralytique. La même mission de guérison est confiée aux apôtres. Pierre, sollicité pour une guérison, répondra à l’infirme : «Je n’ai ni argent ni or mais ce que j’ai, je le donne : au nom de Jésus Christ de Nazareth, lève-toi et marche!» Voilà une expression qui nous révèle quelque chose de la puissance de Dieu et qui nous interpelle dans notre vie chrétienne.

 

Se lever et marcher

 

Se lever, se tenir debout, marcher : ce sont des expériences humaines importantes. Au début de la vie, l’enfant qui se tient debout pour la première fois a droit à une photo souvenir. Il y a peu de temps, j’ai reçu une petite vidéo de l’enfant d’un ami qui faisait ses premiers pas en rampant et qui se dressait debout en s’accrochant au pantalon de son père.

Sur le plan moral, il faut apprendre à se tenir debout, à être fort, à tenir bon face à l’adversité. J’ai entendu dire du président de l’Ukraine que c’était un homme qui sait se tenir debout. Se lever, se relever, pour un chrétien, évoque la résurrection de Jésus. «Le fils de l’homme sera relevé parmi les morts», lit-on dans l’évangile de Marc. Cela est vrai aussi pour le disciple de Jésus.

Vous connaissez tous cet hymne liturgique: «O toi qui dors, éveille-toi, le jour a brillé, d’entre les morts, relève-toi, sois illuminé». Se lever et marcher. La vie chrétienne est une longue marche à la suite de Jésus, un pèlerinage. C’est par cette invitation «Viens, suis-moi» que Jésus a appelé les premiers apôtres. Comme le dit un chant bien connu de Robert Lebel: «Debout, n’ayons plus peur de vivre notre foi, et nous serons un peuple d’évangile».

 

À PROPOS D’YVON POMERLEAU

Après plus de trente ans comme missionnaire au Rwanda, où il a vécu la violence du génocide, et comme conseiller du Maître de l’Ordre des Prêcheurs à Rome, il a été prieur provincial des dominicains du Canada de 2002 à 2010. Aimant de la nature et de l’autre, Yvon participe, entre autres, à l’essor du Foyer du monde, une maison d’hébergement pour demandeurs d’asile et réfugiés à Montréal.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Toutes les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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